mardi 11 novembre 2008

Vieillesse et modernité...



"Dans l'Orient Chrétien - dans l'Orient en général -, on aime la vieillesse parce qu'on pense qu'elle est faite pour prier. Quand on est vieux, et qu'on sent Dieu proche à travers la paroi de plus en plus ténue de la vie biologique, on devient comme un enfant conscient, remis au Père, allégé par la proximité de la mort, transparent à une autre lumière. Une civilisation où l'on ne prie plus est une civilisation où la vieillesse n'a plus de sens. On marche à reculons vers la mort, on singe la jeunesse, c'est un spectacle déchirant parce qu'une possibilité est offerte, prodigieuse à travers l'ultime dépossession, et qu'elle n'est pas saisie. Nous avons besoin de vieillards qui prient, qui sourient, qui aiment d'un amour désintéressé, qui s'émerveillent; eux seul peuvent montrer aux jeunes qu'il vaut la peine de vivre et que le néant n'a pas le dernier mot. Tout moine dont l'ascèse a porté fruit est appelé en Orient, quelque soit son âge, un "beau vieillard". Il est beau de la beauté qui monte du cœur . En lui les âges de la vie se composent, symphonisent pourrait-on dire. Et sourtout l'originel est retrouvé : blanc d'une blancheur transfigurée, le "beau vieillard" a des yeux d'enfant."

Olivier Clément dans "la prière de Jésus", collection Spiritualité Orientale n°6 bis, Abbaye de
Bellefontaine.



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